Rudy Ricciotti habille Chanel à Aubervilliers

Rudy Ricciotti habille Chanel à Aubervilliers

La Manufacture de la mode de Chanel « est une réponse à l’exigence nerveuse, aiguë, du génie Karl Lagerfeld », a expliqué Rudy Ricciotti, le 17 septembre, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), lors de la pose de la première pierre de ce bâtiment consacré aux métiers d’art. Implanté de l’autre côté du périphérique, à la frontière du XIXe arrondissement, sur un terrain de 9 000 m2, l’édifice jouxtera le siège social de Veolia, dans la ZAC Canal-Porte d’Aubervilliers, aménagée par Plaine Commune Développement. En 2020, à l’issue d’un chantier mené par Fayat Bâtiment, l’endroit accueillera les artisans qui travaillent pour Chanel au sein d’une quinzaine d’entreprises, regroupées dans sa filiale Paraffection, dont les ateliers de création et de production étaient jusqu’alors disséminés en région parisienne.

25 500 m2 dont 1 000 m2 ouverts au public. Pour un budget de 45 millions d’euros, les bottiers, plumassiers, orfèvres, brodeurs et autres gantiers occuperont 25 500 m2 dont 1 000 m2 ouverts au public. Rudy Ricciotti dit sa chance « de donner une enveloppe à des artisans économiquement fragiles » et sa « responsabilité de construire un récit sur l’idée que la mode ne serait pas une activité frivole, mais un acte politique, économique et porteur d’un partage de savoirs et de mémoire. » L’architecte mesure également l’importance fondamentale du traitement des entrées de ville de la banlieue face à la capitale. Un enjeu central pour Meriem Derkaoui, la maire (PCF) de la ville. « Construire entre Paris et Aubervilliers, à mi-chemin entre ville bourgeoise et ville populaire, c’est aussi fabriquer du sens et dire ce que peut être une verticalité architecturale, de manière alternative à la virulence du tertiaire ou à l’ennui du logement », lance-t-il.

L’exosquelette évoque un textile blanc. Divisé par une faille menant au jardin central, le bâtiment de plan triangulaire est longé, sur ses cinq niveaux, par des coursives qui lui donnent une allure de cloître. Par son « caractère technologique extrême », son architecture cherche à dialoguer avec la virtuosité et la complexité du travail des artisans. Son exostructure blanche en béton fibré à ultra hautes performances (BFUP) évoque un textile dont la trame varie en fonction de l’orientation des façades entièrement vitrées, pour laisser la lumière entrer tout en protégeant l’intérieur de la surchauffe. « Cet exosquelette sera réalisé avec une technologie et une ingénierie 100 % française, dont Romain Ricciotti, ingénieur des Ponts et chaussées, et moi-même sommes les porteurs exclusifs du savoir-faire. On aurait pu imaginer que pour Chanel l’architecture se situe dans les illusions de la transparence ou la nostalgie du XIXe siècle. Non, Chanel a choisi ce qu’il y a de plus radical : une vraie violence sensible », déclare Rudy Ricciotti. L’occasion pour lui de mettre en œuvre un principe constructif et esthétique également développé dans son projet pour la Maison du peuple de Clichy.

 

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