Liftings historiques à Sélestat et Colmar
Un chantier culturel de prestige chasse l’autre en Alsace. Le musée Unterlinden de Colmar étant rouvert depuis la fin janvier après sa rénovation-extension pour 47 millions d’euros TTC signée Herzog & de Meuron, la restructuration de la Bibliothèque humaniste de Sélestat commence. Mandataire du groupement de conception-réalisation, Demathieu Bard Construction engage la phase de gros œuvre ce printemps. Le second œuvre suivra fin 2016-début 2017, pour une livraison à la fin 2017.
L’opération de 13 millions d’euros TTC, dont 8 millions HT de travaux, marque le retour à Sélestat de Rudy Ricciotti, quinze ans après sa conception de la salle des Tanzmatten. Associé aux bureaux d’études Lamoureux & Ricciotti Ingénierie (structure) et Ingérop (fluides) ainsi qu’au cabinet Thales (architecte d’opération), le projet de l’architecte se fond presque imperceptiblement dans la volumétrie, l’enveloppe et l’environnement urbain du bâtiment, qui n’avait pas connu de transformation majeure depuis 1889. Il fait plus que doubler la surface, à 2 500 m2, par des adjonctions dans la partie historique, dont un auditorium, et la création d’une extension en grès vosgien de style contemporain.
Sur l’emplacement des maisons anciennes en cours de démolition, l’architecte aménage un parvis « qui dégage la perspective, d’une part vers l’intérieur du bâtiment pour en montrer les fonctionnalités dès l’entrée, d’autre part vers le cœur historique de la ville, objet, lui aussi, d’une requalification », précise Patrice Dollé, directeur de l’immobilier de la Ville de Sélestat, maître d’ouvrage.
Urbanisme et architecture intimement liés.
Ce scénario d’un équipement culturel pivot du réaménagement urbain se retrouve à Colmar, autour du musée Unterlinden rénové. La place du même nom se dote d’un revêtement en grès et se débarrasse de sa fonction de gare routière. « Les trois dimensions de l’urbanisme, de l’architecture et de la muséographie sont absolument indissociables. Située entre les deux pôles du musée, la place renoue avec sa signification historique d’Ackerhof (un ensemble d’écuries et ferme qui faisait face au couvent). Le canal de la Sinn remis au jour devient l’élément central du nouvel espace public », expose l’architecte Pierre de Meuron. La résurgence du canal et la création d’une liaison souterraine ont été voulues par la Ville de Colmar « afin de traduire un aménagement de quartier en lien avec le centre-ville », souligne le maire Gilbert Meyer. La Ville a financé 6 millions d’aménagements spécifiques.